Une diversification gagnante en volailles

Pour Michaël Dolet-Fayet, devenir agriculteur et poursuivre le développement de l’exploitation familiale, a toujours été une évidence. Après avoir obtenu un bac professionnel agricole en 2009, il s’installe en 2013 à Pouillon dans les Landes, aux côtés de son père, aujourd’hui retraité. La ferme compte alors quarante hectares de maïs (dont huit hectares irrigués) et un hectare de kiwis. 

Dans le voisinage, des départs à la retraite lui permettent d’acquérir des hectares progressivement. « Sur notre commune de 3 200 habitants, nous ne sommes plus qu’une vingtaine d’agriculteurs et du foncier se libère. Nous agrandissons nos exploitations en bonne entente pour répartir les cultures, notamment les îlots de maïs semences », explique l’agriculteur de 35 ans.

Une retenue collinaire

Michaël a développé l’irrigation et investi dans des pivots, plus économes en eau, énergie et main-d’œuvre que les enrouleurs. 90 ha de cultures sont désormais irrigables. Cet été, il achève la construction d’une retenue collinaire de 60 000 m³ : « C’est un investissement de 300 000 € que j’aurai amorti d’ici à quinze ans », précise-t-il. Selon lui, cette création était urgente : « Vu l’augmentation des coûts de construction et la réticence des banques, je crains que d’ici à quelques années, ce genre d’initiative devienne économiquement irréalisable. C’était donc maintenant ou jamais ! »

Le projet a été entrepris avec la chambre d’agriculture et la police de l’eau : « Il s’agit d’une parcelle en pente de 1,5 ha où je cultivais du maïs que nous fermons par une digue en terre de 7 m de hauteur et 400 m de longueur. » En comptant les études de faisabilité, l’obtention des autorisations et les travaux, il aura fallu trois ans pour concrétiser le projet. Ce lac permettra d’irriguer 40 ha supplémentaires et de concrétiser de nouveaux projets. « 3 ou 4 ha de kiwis jaunes d’ici à deux ans et probablement d’autres diversifications arboricoles », ajoute-t-il.

Depuis six ans, le jeune agriculteur développe aussi le soja, pour l’usine de trituration locale Graines d’Alliance : « En 2024, c’est cette culture qui a dégagé la meilleure marge. »

Influenza aviaire

Michaël produit des volailles labellisées pour Maïsadour depuis douze ans : « J’ai découvert l’élevage lors de mon installation. C’était rassurant car la volaille représentait un revenu annuel très stable. » Situé en ZRD (1), l’éleveur a subi les épisodes d’influenza aviaire avec fatalisme : « En 2019, les mesures de dépeuplement m’ont fait perdre l’équivalent de cinq mois d’élevage. J’ai été indemnisé à environ 75 % de mes pertes réelles. Heureusement, j’ai pu compter sur d’autres sources de revenus, notamment la production de kiwis. L’arrivée du vaccin a freiné le virus. Mais cette année encore, nous avons été obligés de mettre toutes les volailles à l’abri. » À l’automne 2024, Michaël a fait des débuts prometteurs en poulets standards (de la marque « Poulet d’ici »), dans un nouveau bâtiment de 600 m².

La nouveauté le stimule : tester des matériels, des bâtiments pilotables à distance, expérimenter un chien robot pour rentrer les poulets en bâtiment… « Je recherche l’automatisation, notamment pour les cabanes mobiles de 60 m² où tout est encore manuel. » Il se sent en phase avec la stratégie RSE (2) de Maïsadour qui vient d’obtenir le label Engagé RSE au niveau exemplaire.

« J’accorde de l’importance aux enjeux du développement durable, à travers les pratiques agroécologiques comme l’agroforesterie, la diversification des couverts végétaux ou le bien-être animal. Ou encore en suivant des formations pour une agriculture régénératrice et diversifiée. Notre métier évolue, ce n’est pas facile, mais il y a des aspects passionnants. »